L’attention psychique de la future mère se structure en quatre étapes successives :
 

A) L'enfant est une petit être intérieur "psychiquement internalisé"

Cette étape correspond au 1er trimestre. Le fœtus commence à avoir une certaine réalité et à être envisagé comme un futur enfant. Néanmoins, bien souvent les futurs parents se réservent de l’annonce de la grossesse. Le bébé fait partie des pensées de sa mère et du couple parental, on dit qu’il est psychiquement internalisé.

Durant cette période, la future mère pourra se voir replonger dans les pans de son histoire personnelle et ce à son insu. Le psychisme réactive « son petit enfant intérieur », c’est-à-dire celui qu’elle a été ou croit avoir été et qui était jusqu’à cette grossesse, bien caché au fond de sa psyché.
 

B) L'enfant est une petit être intérieur "psychiquement externalisé"

Progressivement, et par la concrétude des examens médicaux, l’enfant porté va devenir plus réel. La future mère commence de le penser comme extérieur à elle et construit tout un tas de projets à ses côtés. C’est ainsi, qu’il commence à se faire porteur des ambitions et des références culturelles familiales, des conflits infantiles et refoulés des parents, de leur investissement narcissique.

Cette période se situe au second et au troisième trimestre de la grossesse.

En effet, au 2nd trimestre, les mouvements ressentis par la mère permettent d’envisager l’enfant porté plus concrètement. Il peut être investi d’une identité. Elle est amenée également à s’interroger sur l’amour qu’elle lui porte et lui portera, sur l’amour qu’on lui a porté à elle, que l’on a porté à sa fratrie ... Par conséquent, la grossesse est une période d’interrogations, une véritable rencontre avec soi-même.

Durant le 3ème trimestre, les résurgences passées et les inquiétudes peuvent s’intensifier. La question de la séparation physique est évoquée. On est dans la période de la préparation à l’accouchement. A ce stade, somatique et psychique sont indissociables. Se représenter la séparation physique entraine chez la mère des représentations propres à elle-même. L’enfant commence à être envisagé comme différent de soi et cela peut provoquer toutes sortes de fantasmes et d’angoisses.
 

C) L'enfant est une petit être extérieur "psychiquement internalisé"

A la naissance et pendant quelques semaines, l’attention de la mère se focalise sur son nouveau-né. En étant "psychiquement internalisé", la mère peut s'adapter aux besoins de son enfant, décoder et interpréter les signaux qu’il émet : elle se met à sa place. L’empathie que ressent la jeune mère pour son bébé la rend capable de se sentir en phase avec lui dans un mouvement de compréhension sensorielle et affective. Lorsque cette « traduction » n’est pas possible, du fait d’une multitude de facteurs qui peuvent être travaillé en consultation, cela peut amener à des carences dans le lien.
 

D) L'enfant est une petit être extérieur "psychiquement externalisé"

Le bébé accède au statut d’individu avec sa propre identité et ses propres besoins. Progressivement, la mère lui donne les moyens de se déprendre d’elle, de s’autonomiser, de ne plus être dans une dépendance absolue. Pour cela, il faut que celle-ci en soit capable psychologiquement.

C’est une étape plus ou moins rapide selon les femmes, où la mère est dans le ré-investissement d'éléments importants de sa vie (son compagnon, ses amis, son travail, son activité  sportive…) qui avaient pu être éloignés.

Ce passage se fait progressivement et pas toujours au même rythme selon les femmes et cela pour tout un tas de raisons pouvant être liée à l'histoire personnelle de la maman mais aussi à l'histoire de la grossesse ...

Lorsque ce passage se complique et ne se fait pas, il est important que le papa intervienne, prenne sa place dans ce duo fusionnel. Et puis progressivement également, l'enfant grandit, va à l'école, se fait des petits copains.... Et de ce fait s'autorise à s'éloigner progressivement de sa maman.

© Caroline Arban – 2014